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L'Anthropologie

Volume 125, Issue 1, January–March 2021, 102851
L'Anthropologie

Article original
Contribution à l’étude du Middle Stone Age (MSA) d’Afrique Centrale. Étude typo-technologique des industries lithiques du site préhistorique de Mpila, Brazzaville, République du CongoContribution to the study of middle stone age (MSA) of Central Africa. Typo-technological study of the lithic industries of the prehistoric site of Mpila, Brazzaville, Republic of Congo

https://doi.org/10.1016/j.anthro.2021.102851Get rights and content

Résumé

La découverte des gisements préhistoriques de Brazzaville est la conséquence des travaux d’aménagement urbains dits « Grands Travaux » dans les années 1930 : la construction du chemin de fer C.F.C.O., de la Gare, du Port fluvial, de la Poste et de la Cathédrale. Lors du terrassement relatif à la construction du port fluvial, M. Babet, géologue du Service des Mines du Gouvernement de l’A.E.F., découvre des traces d’une importante industrie lithique dans le cailloutis contenu dans une assise géologique. Des recherches ultérieures faites par Droux et Bergeaud en 1936 et 1937, ont mis en évidence dans le même périmètre l’existence de deux autres couches archéologiques. En fonction de l’évolution du terrassement et des recherches, les gisements suivants ont été mis au jour : Mpila 1, Mpila 2, Mpila 3, la Plaine et la Pointe Hollandaise. Tous ces gisements sont sur un même alignement long de trois kilomètres environ et regroupés sous la dénomination de gisements de Mpila. Ils sont caractérisés par une même stratigraphie et par des industries identiques et superposées. On y distingue de bas en haut la couche A avec deux niveaux, l’un supérieur et l’autre inférieur. Celui–ci correspond au Paléolithique inférieur. Vient ensuite la couche B qui constitue la couche quatre c.4, chère à Bergeaud. Elle contient du matériel frais attribué au Sangoen. Enfin la couche C que nous avons baptisé « le Vrac » de Mpila 1, qui comprend des pièces de facture très évoluée. C’est du Lupembien/Tchitolien. Toutes les pièces issues de ces niveaux sont en place, in situ. Elles n’ont pas subi de charriage, tant horizontal que vertical. Nous nous posons la question de savoir si les pièces issues de Mpila 1 en général et de la couche IV en particulier appartiennent au Sangoen ?

Abstract

The discovery of the prehistoric deposits of Brazzaville is the result of urban development works known as “Major Works” during the years 1930: The construction of the railway (C.F.C.O.), the railway station, the river port, the post office and the cathedral. During the earthworks related to the construction of the river port, Babet, geologist of the Mining Service of the A.E.F. Government, discovers traces of an important lithic in the gravels of a geological layer. Further research by Droux and Bergeaud in 1936 and 1937 revealed the existence of two more archaeological layers in the same area. Depending on the evolution of the works and research, the following sites have been discovered: Mpila 1, Mpila 2, Mpila 3, Plaine and Pointe Hollandaise. All these sites are grouped under the name of Mpila sites. They are characterized by the same stratigraphy and by identical and successive industries. From bottom to top, one can observe the A layer with two levels, upper and lower, corresponding to the lower Paleolithic. Then we have the B layer which constitutes the fourth layer c.4 favorite of Bergeaud. It contains fresh material attributed to Sangoen. Finally, there is the c layer that we have named “The Bulk” of Mpila, which includes artefacts of very advanced workmanship. It's Lupembien/Tshitolian. All the artefacts from these levels are in situ. They were not been transported or reworked, neither horizontally or vertically. The Sangoen question has long been the subject of much discussion and contradiction. We are trying to clarify this controversy by asking ourselves whether the Mpila 1 in general and the c.4 in particular have any Sangoen characteristics.

Section snippets

Les gisements préhistoriques de Brazzaville

Grâce au début des travaux d’aménagement urbain dits « Grands Travaux » relatifs à la construction : du chemin de fer Congo-Océan (C.F.C.O). de la gare, du port, de la douane, de la Cathédrale et de la poste en 1929, M. V. Babet, géologue du Service des Mines de l’A.E.F., a fait pour la première fois la découverte d’importantes traces d’industrie lithique dans le quartier de la Plaine à Brazzaville en 1934. Cela a fait l’objet d’une note parue dans le bulletin de la Société Préhistorique

La stratigraphie des gisements de Mpila

M. Babet a constaté que les travaux du port avaient mis à découvert sur la berge du Stanley-Pool dans le quartier de Mpila, une assise de cailloutis renfermant des restes d’une importante industrie lithique.

Il en dit « L’intérêt de la découverte de la berge de Mpila est l’existence des pierres en place dans une assise géologique, ce qui permettra de leur attribuer un âge relatif. Les pierres taillées sont disséminées principalement à la partie supérieure de la couche de cailloutis, dont les

Similitudes de la stratigraphie des gisements de Mpila

La carte de l’emplacement des gisements de Mpila (Fig. 2), montre qu’ils sont placés sur un même alignement. En réalité, il s’agit d’un seul gisement s’étendant sans interruption sur 3 kilomètres environ. Divers arguments nous permettent d’affirmer non seulement la similitude des couches stratigraphiques entre les différents gisements de Mpila, mais aussi de la coupe stratigraphique.

En 1937, Bergeaud écrit dans son article : « Nouveau gisement préhistorique dans le quartier de la plaine à

Similitudes des industries des gisements de Mpila

La couche archéologique supérieure située à 2 ou 3 m sous la surface du sol, contient des pics, des feuilles de laurier, des hachereaux, des bifaces et de nombreux éclats de débitage.

La couche archéologique située à 1 m ou à 1,50 m au-dessus du cailloutis a fourni de nombreux éclats retouchés ou utilisés et quelques pièces typiques, coups-de-poing, pics, pointes de lance et même des petits tranchets.

Dans le bas de la stratigraphie, la couche de cailloutis comporte d’après Bergeaud (1937) dans sa

Corrélation entre les couches stratigraphiques et les couches archéologiques

Pour établir ces corrélations, nous avons juxtaposé les coupes de Babet (1936), de Droux et Bergeaud (1937) et de Le Roy (1950).

La couche de cailloutis présente dans les trois coupes est décrite par Le Roy (1950), comme étant « la couche A ou niveau de base dont les échantillons se trouvent mélangés dans le cailloutis et dès lors leur classification chronologique s’avère plutôt délicate, car nous sommes en présence ici de plusieurs industries, à en juger par les divers degrés d’usure et de

La collection Bergeaud conservée au Musée de l’Homme

En 1939, M.G. Bergeaud a envoyé toutes ces pièces provenant des gisements de Brazzaville à M. Harper Kelley, alors Directeur du Musée de l’Homme. Ce matériel constitue la collection Bergeaud, (1939, 144) Cette collection est depuis conservée au Musée de l’Homme dans les réserves de préhistoire. Nous avons nettoyé, numéroté et reconditionné ces pièces

Nous avons spécialement étudié les pièces provenant du gisement de Mpila 1, c’est-à-dire la couche c. 4 et le « Vrac ». La c. 4 peut être

Composition et description typologique

La couche 4 de Mpila 1 comprend 80 pièces retouchées c’est-à-dire 30,2 % de l’assemblage, ce qui est très important. Les plus représentatifs de ces outils sont les pointes avec un pourcentage de 7,2 %, puis les pièces bifaciales 4,5 %, les racloirs 4,2 % et enfin les limaces avec 3,8 %. Parmi les pièces non retouchées, ce sont les éclats qui dominent, puis les éclats laminaires et les lames (Tableau 1).

La retouche

Les Tableau 10, Tableau 11, Tableau 12 nous montre la prédominance de la retouche envahissante, suivie de la retouche marginale. Nous constatons ensuite que la CIV avec 45/80 pièces et Mpila I avec 200/265 pièces, nous permet d’affirmer que les pièces retouchées, sont majoritaires.

Le talon

Le Tableau 13 nous montre la prédominance des talons lisses, ce qui démontre que le plan de frappe n’a pas été préparé.

Conclusion

Au terme de notre étude de la collection Bergeaud quant à la connaissance du Sangoen de l’Afrique Centrale en général et du Congo en particulier, nous avons retenu que le Sangoen défini par Wayland et Smith en 1923, autour du lac Victoria en Ouganda, est l’une des principales industries lithiques du MSA. Son aire de répartition s’étendant du golfe de Guinée au Nigéria en Afrique de l’Ouest en passant par l’Afrique du Sud et l’Afrique de l’Est reste aussi un sujet de discussion. Il est

Remerciements

Je remercie chaleureusement le Professeur Henry de Lumley et Christophe Falguères pour leur soutien et leur encouragement, ainsi que sincèrement Claire Gaillard pour son encadrement indéfectible, Roland Nespoulet pour son soutien et ses merveilleuses photos et enfin, tous mes remerciements vont à Laurence Glémarec, Odile Romain et Abdessadok Salah pour leur aide

Références (8)

  • V. Babet

    Note préliminaire sur les ateliers de pierres taillées à Brazzaville (A.E.F.)

    Bulletin de la Société Préhistorique Française

    (1936)
  • G. Bergeaud

    La préhistoire en Afrique Equatoriale Française (région du moyen Congo)

    Bull. soc. Recherches congolaises

    (1937)
  • G. Bergeaud

    Nouveau gisement préhistorique dans le quartier de la Plaine à Brazzaville

    Bulletin de la Société des Recherches Congolaises

    (1936)
  • H. Breuil et al.

    Les limons et graviers de l’Angola du Nord-Est et leur contenu archéologique

    (1967)
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Cited by (2)

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